belle au bois dormant...

Le soir approchait… on était en fin d’après midi sur les terres du milieu. Le temps était maussade avec son ciel gris et la brume qui formait un épais nuage compact au sol. Pas un bruit sur le chemin de fer.
Un loup, seul, marchait d’un pas traînard, enjambant par jeu ce qui avait été autrefois des rails et qui n’était à présent qu’un mélange de fer rouillé et de bois pourris.
Le loup qui marchait en ces lieux était de taille moyenne, il n’avait ni l’allure d’un dominant, ni celle d’un grand guerrier, ni celle rêveuse d’un Minstrel. C’était un simple solitaire au pelage noir et à la patte blanche et qui portait ce terme de vagabond à ravir.
Museau baissé sur le sol, avançant d’un pas assez rapide tout de même, le loup captait toutes les odeurs venant jusqu’à ses narines, les analysant, s’en impregniant… Ce n’était pas la première fois qu’il venait sur ce territoire qui longtemps avait appartenu aux hommes. Sa mère l’y avait souvent emmené dormir, les jours de tempêtes ou de neige, se réfugiant dans des wagons miteux qui sentaient le moisit et laissaient passer l’humidité.

Arrivant près d’un wagon aux vitres cassées, le loup, d’un bond, sauta à l’intérieur, mal éclairé par le peu de lumière qui restait. Le bruit de ses pas tombant sur la ferraille résonna dans tous les compartiments. Heureusement qu’il n’essayait pas de se cacher, sinon, sa tentative aurait été un désastre.
Rentrant dans un des compartiment, Xebece, puisqu’il fallait lui donner un nom, sauta sur une banquette de cuir dont une partie, qui portait des traces de gros, semblait vomir des kilomètres de mousse jaunâtre.
Posant sa tête sur ses pattes avant, il se fit glisser jusqu’à se retrouver couché sur le siège bordeaux.
Ses yeux gris acier firent une brève inspection de sa salle d’infortune : des jouets humains ayant appartenue à une fillette, des mouchoirs de dame rongés par des mites, des pièces, cravates…
Les humains, qu’avaient ils tous à attacher tant d’importance à des choses si futiles qui, dans la nature, se retrouvaient dépecées en quelques jours par tous les êtres y habitant ?
Le loup émis un bref soupir quand un bruit se fit entendre. Relevant la tête et dressant les oreilles, il écouta… des pas, trop légers pour être ceux d’un puma ou d’un ours, pas assez pour être celui d’un petit gibier… trop gracieux et pas assez désordonné pour être celui d’un cerf ou d’un sanglier… il s’agissait d’un loup.

Il s’agissait d’une louve, pour être plus précis. La jeune Whyr marchait d’un pas gracieux dans ce territoire inconnu. Seule, comme à son habitude observant le paysage morbide qui l’entourait de ses grands yeux bleus, comme si elle souhaitait s’en souvenir à jamais. Où était-elle ? Cette question la tracassait. Quatre aubes qu’elle marchait ainsi, sans trouver le repos. Quatre aubes qu’elle était arrivée dans ce territoire inconnu à l’odeur de loup. Il devait sûrement y avoir des meutes ici, précisément ce qu’elle ne voulait jamais revoir. Le soir approchait doucement mais sûrement. Le ciel se teintait d’un gris d’eau qui ne trompait personne : il ferait bientôt nuit.

Après plusieurs minutes de réflexions, la jeune louve se décida enfin à entrer dans un des wagons. Cela ne lui disait rien qui vaille, mais avait elle vraiment le choix ? Surmontant son dégout, elle passa doucement sa tête à l’intérieur de la cabine de fer et y posa une patte. Aussitôt, son cœur se mit à battre d’un rythme accéléré : un loup. Un autre loup était allongé sur l’une des banquettes de cuir. La Solitaire n’avait même pas songé à flairer les lieux pour s’assurer qu’ils étaient bien vide. La peur la prit, mais pouvait-elle seulement faire demi-tour ? Non, son honneur avait certes été bafoué par le passé mais fuir comme une proie devant la simple vue d’un de ses congénères… Elle ne pouvait pas faire ça…

La jeune louve déglutit avant d’entrer totalement dans le compartiment. Là, elle s’assit à distance de l’inconnu et l’observa sans rien dire, sans trouver le courage de lui dire quelque chose…

[désolée, c'est peux être un peu court...]