__ AMAYA
Nombre de messages : 83 Pseudo. : __ NECERTI Date d'inscription : 22/10/2008
Dossier Âge de votre loup.: __ INCONNU Meute ?: __ FREE Relations.:
| Sujet: __ CHUT . . . JE PENSE * Dim 26 Oct - 22:55 | |
| CHUT . . . JE PENSE Je n'écoute pas lorsqu'ils parlent de moi , Je poursuis ma voie lorsqu'ils dictent leur loi , Je crois en mes choix lorsqu'ils montrent du doigt ♫ __________________________________ Crêt de la Neige , en plein midi . Le soleil tape . Avec leur silhouette de faucille , les martinets noirs frôlent les pins striés , effectuant de savants mouvements sur l’aile , disparaissent dans les replis de la montagne , invisibles , puis réapparaissent . Les ailes vibrantes , auréolé par le soleil timide , perché la haut sur une corolle de nuages vaporeux et légers comme de la mousse . Un vent léger effleure les grands oiseaux , ébouriffant leur plumage fourni et miroitant , dressant les plumes de leu cou , leur donnant un air impérial . Assis sur un bloc de calcaire , je me laisse bercer par leur ballet improvisé . . . Et je m’envole avec eux , frôlant les parois d’ocre et d’argent , m’engouffrant dans un canyon creusé par l’érosion , évitant les immenses dalles crevassés du versant est . Le labyrinthe granitique , illuminé par un rayon dansant de l’astre solaire , resplendit de mille feux et m’éblouit un instant . Quand j’ouvre les paupières , je zigzague de nouveau entre les arbres , humant au passage l’odeur musquée de rhododendrons et tu terreau naturel qui les entoure . Retour en plein ciel au dessus des pelouses craquelés par le gel miroitant . Coup d’œil discret sur une troupe de chamois , femelle et cabris , en pleine sieste a l’abri d’une petite vallée entourée de sapins rachitiques . La magie passe , la température chute . Fini de rêver . Les pupilles étrécies , je repars a l’aventure .
Au sortir de la foret dégoulinante d’humidité , la falaise déchiquetée semble me sauter a la figure . Ses remparts de calcaire sombre barrent l’horizon qui se teinte de reflets irisés . L’aube s’éloigne , ombre mouvante me donnant rendez vous au jour prochain . Avec son complice le vent , la montagne gronde , gémit , rugit tel un lion au sommeil artificiel . . . Et léger . Une averse de gelons tambourine joyeusement sur mon dos puissant , glissant le long des cicatrices encore brûlantes qu’on laissé le fouet sur son corps et mon esprit . Mes pattes dérapent légèrement sur la mousse parfumée du sentier . Dernier avertissement . Rester , ou faire demi tour ? Des lambeaux de brume inondent la plaine avoisinante , comme échappés d’un immense chaudron invisible . La vallée a pratiquement disparu sous cette lourde écharpe immaculée , me donnant l’impression de progresser en plein ciel , parmi les nuages . Parfois , lorsque le vent se calme , le perçois le bruit larcinant les conifères mourants qui grincent , implorant une nouvelle jeunesse qui leur viendra en fin de saison . Il a neigé cette nuit . Pattes ankylosés , extrémités gourds , tapis blanc . L’hiver est bel est bien installé ! Pourtant , en y regardant de plus près , des taches colorés perforent , ici et la , cette nappe nacrée . Euphorbés , violettes timides et orchis pointent leur museau transi . Heureusement , le soleil arrive , éblouissant , pour les libérer de leur carcan glacé . Plus d’hésitation : Je reste !
Mes pattes se tendent brutalement , et je me projette vers l’avant . En bonds souples et aériens , je dégringole la pente , mes coussinets ouatés m’assurant un équilibre stable , malgré l’humidité omniprésente du lieu . Les paupières légèrement plissés , je darde mes grands yeux bleus sur les sommets déchiquetés de la falaise , teintés de nuances complexes dont la principale est le brun - roux . Agilement , je pivotais sur une patte , astuce que les loups utilisent pour changer rapidement de sens , et je finis le reste de la pente en une glissade assurée et peu dangereuse . Me voilà en face du grand monument que le temps a hérissé d’aiguillons qui transperceraient un ours sans problème . D’un coup de langue , je débarrasse mes patte de la sève pâteuse et amère qui les recouvre , avant de prendre une bouchée de neige , qui acheva d’ôter la résine dorée . Oreilles pointés , je perçois enfin la silhouette noire qui se faufile a mes cotés , touche masculine qu’il manquait aux paysages . Mes pupilles pétillent , j’esquisse un sourire . . . Et le songe se dissipe .
Je retrouve avec plus de douleur encore , le noir habituel qui obscurcit mes prunelles . De nouveau , douloureusement aveugle , je pose une patte sur le sol brûlant , qui achève de dissiper l’odeur hivernale de mes pensées . Une grimace involontaire tords mes traits , et je me laisse tomber , laissant le soleil caresser ma fourrure ondoyante et immaculée . Retour au présent . Je ne suis plus que l’ombre de moi même . Solitaire éternelle , je ferme de nouveau les yeux , couchant mes oreilles au bout effilé . Sachant pertinemment que le passé est irrattrapable , je ne peux m’empêcher de lâcher un léger soupir , qui partit rejoindre le vent torride galopant au fin fond du canyon . La falaise et ses arrêtes tranchantes m’offre sans le savoir un lieu idéal pour que la vague de souvenir m’assaillisse a nouveau .
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